La multiplication des crises sociales dans le monde au cours des dix dernières années a poussé les architectes et les concepteurs à explorer divers enjeux par le design. Lors de la conception d’une école, Julia Pascutto et ses collaborateurs de la firme primée Gould Evans ont reçu des commentaires qui les ont amenés à approfondir la réflexion. C’est ainsi qu’a été entrepris un travail de recherche sur un sujet peu exploré : l’inclusion de la diversité des genres dans les lieux d’apprentissage. Le travail de Sapna Cheryan sur les codes genrés du design d’intérieur, entre autres, a servi de tremplin au projet, permettant à l’équipe d’aborder de front la construction et la conception de tels espaces.
Née d’une initiative de Gould Evans, la Gender Inclusive Design Study (GIDS) est maintenant un projet de recherche de FLDWRK mené par Julia Pascutto chez Lemay. À travers l’optique Nouvelles perspectives de FLDWRK, le groupe interroge le rapport qu’entretient l’environnement bâti avec la culture et l’identité. Il espère ainsi sensibiliser le milieu de l’architecture et du design à la question et étendre la portée du projet à tout type d’espace.
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The Instrument
Au fil du processus, un outil a été mis au point. The Instrument (L’instrument) sert à mesurer le sentiment d’appartenance au lieu d’apprentissage chez des personnes de différentes identités de genre. Il permet à l’équipe de récolter des données relatives à diverses tranches d’âge et géographies, et son échelle de mesure corrèle avec des questions simples liées à des images. Bien que l’étude soit toujours en cours, des parallèles intéressants ont déjà été tracés entre l’espace et le sentiment d’appartenance.
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Mise en pratique
L’étude a pour objectif d’amener des changements durables en plaçant la diversité des genres et l’inclusion au cœur du processus de conception. Julia et les membres de l’équipe ont cependant été freinés dans leur élan par la pandémie mondiale et ses répercussions financières dans le milieu des études supérieures. Heureusement, les établissements postsecondaires comptent accueillir de plus en plus de femmes dans leurs programmes axés sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) – un défi qu’ils pourraient aborder en s’appuyant sur les résultats de la GIDS. Les résultats obtenus au moyen de l’outil pourraient quant à eux servir dans les lieux de travail, permettant par exemple aux employeurs de diversifier des équipes à prédominance masculine. L’étude, qui ne se limite pas aux lieux d’apprentissage, constitue le point de départ d’une réflexion plus large.
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L’avenir se dessine
L’étude GIDS marque une étape importante dans l’atteinte d’un environnement bâti plus inclusif et équitable. Elle vise à cerner des mécanismes d’exclusion et à cultiver un sentiment d’appartenance à l’espace qui soit ultimement partagé par toutes et tous. Comment construire un avenir meilleur ? GIDS a certainement des éléments de réponse…
Elle s’inscrit dans les grands axes de FLDWRK – collectif de recherche et de design de Lemay qui étudie les transformations de notre monde et de nos paysages urbains, réfléchit à la raréfaction des ressources naturelles, remet en question nos systèmes économiques et politiques, et explore l’univers numérique. FLDWRK va au-delà de la pratique traditionnelle du design pour répondre aux enjeux actuels de manière holistique. Il examine également d’autres avenues de recherche, notamment la conception d’espaces sensoriels pour les adultes autistes et la place de l’éthique et du design comme forme d’activisme dans les pratiques canadiennes.